Après plusieurs années de calme relatif dans le Kachin, région du nord-est de la Birmanie, les tensions sont à leur apogée en ce début d’année 2021. Le coup d’Etat du 1er février 2021 a interrompu les négociations de cessez-le-feu entre la Kachin Independance Army (KIA) et l’ancien parti au pouvoir, la Ligue Nationale pour la Démocratie. Désormais, le pays est dirigé par une main de fer par l’armée birmane, la Tatmadaw, provoquant le déracinement de près de 20 000 personnes.
Parmi elles, Daw Mai, 38 ans, a dû fuir pour la seconde fois son village de Num Lang fin mars 2021, à la reprise des combats.
Pour organiser son départ, Daw Mai ainsi que 35 autres familles du même village ont, par l’intermédiaire du prêtre local, arrangé leur évacuation au camp AD2000 dans la ville de Bhamo, situé à 25km de chez eux, où la majorité de la population est chrétienne. Ils n’ont pu emporter que très peu de possessions car le départ s’est fait dans la précipitation après des jours de bombardement par l’armée birmane.
Les camps à Bhamo sont répartis par confessions (catholique, baptiste, bouddhiste..). Le camp AD2000, à majorité catholique, se situe sur le terrain du diocèse. Lorsque les combats ont commencé dans la région en 2011, la population s’est réfugiée dans les églises, et les camps se sont construits autour au fur et à mesure. Le camp compte aujourd’hui un millier de déplacés répartis en 245 foyers, auxquels une vague de 50 autres s’est ajoutée ces dernières semaines.
Depuis 2018, plusieurs familles étaient parties retrouver leur village d’origine, grâce à la paix relative dans la région. Le coup d’État de février 2021 a poussé quelques-unes d’entre elles à quitter de nouveau leur foyer, et une cinquantaine de nouvelles familles sont arrivées des villages alentours où les combats ont repris entre le KIA et la Tatmadaw. Avant le coup d’Etat, les ONG locales et internationales dans la région, en charge de la gestion des camps, prévoyaient que les habitants pourraient retourner chez eux dans les deux ou trois ans, et les camps fermer leurs portes. La tendance s’est inversée. Les camps ne pourront accueillir que quelques centaines de personnes supplémentaires dans les mois à venir avant que la situation ne s’empire.