Le camp Nimrod était situé à environ 40 km au sud de Mossoul, en Irak, à côté de l’ancienne capitale de l’empire assyrien qui a été détruite par ISIS. Après avoir compté plus de 3 500 personnes lors de son ouverture le 28 août 2017, la majorité de ses occupants étaient des Turkmènes de la région de Tel Afar, région où le soutien d’ISIS était assez fort . Lors de la libération de Mossoul en 2017, les Turkmènes ont été mis de côté dans ce camp car ils étaient toujours soupçonnés d’être affiliés à ISIS d’une manière ou d’une autre.
L’objectif de ce projet était de montrer à quoi peut ressembler une vie “normale” dans une situation qui ne l’est pas – la vie dans un camp – mais à travers les yeux de ses occupants, du plus large et du plus “public” au plus intime. Quatre personnes – Mohammed, un ancien policier, Ahmed, un journalier, Taleb, un ancien soldat, et Umm Jamal, une veuve avec quatre enfants – vivant dans le camp de Nimrod sur le bloc B, ont accepté de prendre des photos de leur vie quotidienne avec des appareils jetables.
Ils ont tous en commun la vie sous ISIS, le transit par le camp de Hamam al Ali (camp de filtrage dans lequel les contrôles d’identité et les éventuelles affiliations étaient effectués) puis l’arrivée au camp de Nimrod, qui est désormais une ville fantôme depuis septembre 2019 date à laquelle le gouvernement en a décidé sa fermeture.
Les nouveaux réseaux de clientélisme qui se mettent en place dans cette ère post ISIS ne permettent pas à la plupart des anciens fonctionnaires de retrouver leur place, les travailleurs journaliers souffrent de la détérioration totale des activités économiques, d’une part à cause du conflit et d’autre part, liée aux problèmes économiques de l’Irak post-Saddam. Certains quittent un camp pour un autre, si possible du côté kurde, pensant que l’affiliation à ISIS dont ils sont soupçonnés sera moins difficile à vivre du côté kurde. Certains sont arrêtés, souvent par dénonciation, d’autres n’ont rien à se reprocher et ne voient tout simplement plus où aller.